Schéma de la conscience instant unité et de la dualité invisible - visible

La science sert-elle l’ignorance ?

Dans un précédent article science et scientisme, la démarche scientiste était à peine caricaturée par cette idéologie : « ce qui est ignoré n’existe pas ou est faux tant que la science n’a pu le démontrer ». Prétentieuse, simpliste, réductionniste et trop souvent négationniste des faits, la posture scientiste s’oppose à la vraie science et ses cinq points essentiels :

  • L’observation et la reconnaissance des faits ;
  • La prise en compte du maximum de paramètres ;
  • La reproductibilité toute chose égale par ailleurs ;
  • La « vérité » relative à la connaissance du moment, est évolutive ;
  • L’humilité.

Les deux démarches nous interpellent donc sur ces notions de connu et d’inconnu.

Qu’est-ce le connu ?

Les Upanishad et l’approche de l’Advaïta Vedanta invitent au discernement et à la discrimination pour comprendre que le monde formel, le monde du connu n’est qu’une émanation du monde informel, indéfinissable, inexprimable, immuable, inconnu et inconnaissable pour le mental.

Dans ses entretiens[1], Jean Klein illustre à merveille la relation sujet-objet. Pour qu’un objet existe, qu’il soit visible et matériel – comme un individu, une maison ou un fruit – ou invisible – comme une sensation, émotion ou pensée, il est nécessaire de faire appel à nos sens : vue, odorat, ouïe, toucher, goût, mémoire, éducation.

Réalité objective et relative

L’objet n’a d’existence que lorsqu’un sujet l’observe, le perçoit, le pénètre par sa conscience[2]. La mémoire nous permet ensuite de reconnaitre rapidement les objets et ainsi de pouvoir englober des scènes avec de multiples objets en quelques fractions de seconde.

L’objet, le percept a donc une existence impermanente car elle dépend du sujet, du percipient. Qui plus est, la structure même de toute matière visible ou même quantique, est discontinue, donc impermanente [3].

Réalité impermanente vs permanente

Lorsque l’on affute ainsi son discernement, il devient dès lors nécessaire de voir que pour qu’il y ait un observateur, un sujet ultime en arrière-plan qui puisse examiner tout objet impermanent, ce percipient ultime doit être permanent. Comment sinon tenir compte du temps qui s’écoule ?

La conscience-silence, permanente, hors de toute contrainte d’espace-temps constitue l’Essence même de la Vie. Rien ne peut lui échapper. Incontournable, cette Conscience impersonnelle ne dépend de rien d’autre que d’elle-même. Elle EST la Source Universelle de toute chose.

Cet arrière-plan est réellement le lien qui unit toutes choses, mais par ignorance et par automatisme nous avons pris l’habitude de n’utiliser notre intelligence qu’en mode objectif.
– Jean Klein, in « La joie sans objet », p 234

Deux mondes, une Essence commune

Il existe donc un monde invisible, inexprimable, indéfinissable qui est l’Essence même ou Source de tous les objets.
Cette Essence-Source présente trois caractéristiques :

  • L’Etrecela existe,
  • La Consciencecela est perçu,
  • La Béatitudecela est complétude.

L’objet présente en plus de ces caractéristiques de la Source Universelle qui le fait jaillir, un Nom et une Forme qui sont dépendants du sujet, de l’observateur et de ses sens, son éducation, sa mémoire, son vécu.

D’ailleurs certains animaux ne voient pas de la même façon qu’un humain. L’objet vu en couleur par l’humain sera vu en noir et blanc et dans une autre taille par l’animal.

Dans la vie de tous les jours, nous ne connaissons les choses que par leur nom et leur forme, fruits de nos conditionnements. Mais non par leur Essence profonde, sous jacente, qui est la même que la nôtre.

Une question de référentiel

Cette dissociation, cette focalisation sur le Nom et la Forme, cette séparation crée la dualité. La dualité est nécessaire, car un sujet-objet ne peut s’observer lui-même dans sa totalité. Le ciel bleu immaculé  a besoin du nuage pour se révéler, tout comme le nuage a besoin du ciel bleu. La prise de conscience d’un état objectif passe par un changement de référentiel.

Ainsi, il apparait un monde formel réel et en même temps irréel, une réalité objectivecelle du monde visible, connu, celui des formes, des objets – et une réalité ultime car au-delà des noms, des formes, donc du mental.

Tout objet dans sa nature intrinsèque est notre propre nature. L’arrière-plan est commun à tout objet, tout sujet, visible et invisible car l’arrière-plan, la Source, le Sujet Ultime est l’unique créateur et générateur de l’intégralité du monde formel.

Un fragment ne peut voir que ce qui est partiel.
– Jean Klein, in « La joie sans objet », p 256

Le cerveau, un processeur

Le cerveau est un des processeurs qui traite les informations que collectent ses différents périphériques – fascias, système nerveux, yeux, etc. Il travaille avec les informations dont il dispose, avec une mémoire basée sur le connu, sur l’observable, sur le monde objectivable qui n’est qu’un voile et une surimposition de l’égo à l’Essence même de la Vie : Être, Conscience, Béatitude ou Sat, Cit, Ananda en Sanskrit[4].

Le Nom et la Forme n’ont pas d’existence propre. Ils dépendent directement de l’observateur.

Il est donc totalement impossible pour le cerveau, le mental, l’égo de comprendre ce qu’est la Vie puisque par essence toute chose EST la Vie. Il ne s’agit donc pas de trouver la réponse à « QUI SUIS-JE ? » par exemple, car la réponse ne peut venir d’une compréhension intellectuelle, sensorielle ou émotionnelle.

Le mental se situe dans le monde formel, du connu et ne peut donc accéder au monde de l’informel, de l’inexprimable, de l’indéfinissable, de l’inconnu.

L’erreur initiale n’est pas une erreur de l’égo, mais l’erreur qui a donné naissance à l’égo et au monde. Cette erreur, c’est l’« avidyâ » (Ignorance) du Vedânta, « l’Oubli » de Platon, à la suite desquels surgit la séparativité, c’est-à-dire un monde avec des « moi » qui se croient distincts. L’apparition de l’égo produit le monde, sa disparition le fait s’évanouir ; c’est ce que nous constatons dans le sommeil profond. Ce qui montre bien que l’égo et le monde font un.
– Jean Klein, in « La joie sans objet », p 242

Une science limitée

La science est donc limitée car l’être humain ne peut chercher à l‘extérieur ce qu’il EST par Essence. Par définition, l’arrière-plan, la Source Ultime ne dépend de rien d’autre qu’elle-même. Ainsi cette Source Ultime sous tend toute chose, tout objet visible et invisible.

La démarche sans but ni objectif, doit être d’examiner avec discernement toutes les croyances, conditionnements que nous surajoutons à notre Essence ultime, ce qui a pour effet de nous focaliser et de nous attacher,  à un personnage, à des objets, des croyances. Personnage, objets, croyances qui sont le fruit illusoire de notre égo et des histoires que l’on se raconte depuis la plus tendre enfance.

Connaissance objective vs Ultime

En conséquence, la connaissance objective est à distinguer de la Connaissance Ultime qui ne peut s’acquérir par le mental. Au contraire, la Connaissance Ultime se révèle lorsque le mental, l’égo est au repos.

La Connaissance ultime est au-delà de l’ignorance et de la connaissance objective, au-delà de toute dualité bien-mal, bon-mauvais, agréable-désagréable, vrai-faux.

S’enliser dans des démarches scientiste ou scientifique ne fait que renforcer l’égo et notre ignorance par le voile et la surimposition de croyances et connaissances objectives. L’attachement aux vérités relatives du monde formel nous éloigne de la vérité ultime. La Connaissance Ultime surgira par l’abandon de toute forme d’égo, par le détachement à toutes ces vérités relatives.

Le désir de connaissance par la science vient d’une recherche de sécurité dans cette dualité peur/désir qui n’existe que dans le monde formel. Dans le monde informel, dans cette Source ultime – Etre, Conscience, Béatitude  – qui est Unité, les opposés n’existent plus. Ils se fondent, se dissolvent dans la Source.

Un obstacle à la connaissance ultime

Alors s’attacher à la science pour posséder de la connaissance objective – relative au monde des objets – relève de délires égotiques qui constituent un obstacle à la Connaissance Ultime. Celle là seule qui libère de l’égo, du mental. Ce dernier sera toujours présent, il ne peut en être autrement. Mais il sera vu lucidement pour ce qu’il est, un objet du monde formel dont l’utilité se limite au monde formel.

Et selon les maitres spirituels, lorsque la Connaissance Ultime se révèle, l’interprétation n’est ni mentale, ni sensorielle, ni émotionnelle. Le sujet se fond dans l’arrière-plan et n’a plus besoin de rien : il sait qu’  « il est » est Connaissance, « il est » est Complétude.

Au nom de la science, un non-sens ?

Dans ces conditions, toutes les politiques qui se servent de la caution scientifique pour contraindre la nature, pour la soumettre, sont vouées à l’échec.
Les attitudes ou postures contre-nature qui imposent des idéologies transhumanistes, eugénistes, technologiques, technocratiques, chimiques pour sauver le vivant sont bien évidemment excessivement partielles, donc fausses, mensongères et stupides : le mode matériel, formel, le monde des objets, connectés ou pas, sera toujours impermanent et le fruit du Sujet Ultime, de cette Source Universelle, immuable et permanente.

Incontournable, insaisissable, inconceptualisable, inexprimable, indomptable, la Nature, notre Essence, la Vie sera toujours le maître du jeu.
Les crétins, les scientistes, les pseudo-scientifiques et les esprits les plus pervers n’y pourront rien ! Mais ces humains en souffrance révèlent leurs opposés, ceux qui s’éveillent au respect de Dame Nature.
Alors gratitude à tous les protagonistes du grand jeu de la Vie. La Vie nous unit tous dans son Essence intemporelle : Etre, Conscience, Béatitude – Sat, Cit, Ananda.

Une Unité, deux mondes virtuels, une seule Essence

L’illusion de la réalité

La physique quantique permet aujourd’hui de définir la matière comme n’ayant pas d’existence réelle indépendamment de l’observateur, contrairement à ce que croyait Albert Einstein. Pour lui, la nature était locale et tout transfert d’information était forcément limité par la vitesse de la lumière. Il n’en est rien. En 1982, une équipe de trois chercheurs prix Nobel de physique en 2022, ont pu prouver que la Nature est non locale. La vitesse de transmission d’une information n’est pas soumise aux contraintes d’espace temps.

Les pseudo-sciences comme la médecine chimique, les croyances dans la théorie des germes –  Pasteur et Koch, ou la notion de contagion des microbes sont donc dénuées de fondement si la matière n’est qu’une « illusion ». Illusion pourtant bien réelle pour l’observateur.

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Références & ressources

[1] Jean Klein, médecin de formation, musicologue et maitre spirituel français, dans ses entretiens reportés notamment dans le livre « La joie sans objet »

[2] Ces réflexions qui ont presque 3 000 ans sont aujourd’hui confirmées par les physiciens. Les expériences sur en physique quantique avec le photon montre que la particule peut se trouver à plusieurs endroits selon la position de l’observateur. Voir l’expérience des deux fentes.

[3] Seul l’instant présent est réel et il est pourtant insaisissable et incontournable ! Lorsqu’on y pense il est déjà passé ! Seule la mémoire nous donne l’illusion d’une continuité.
La matière est également soumise à la respiration du mouvement de la vie : 1044 fois par seconde (!) cette matière s’en retournerait au vide d’où elle prend naissance. Cet aller-retour vide-matière est bien évidemment imperceptible pour l’œil et toute autre artifice technologique. Ces récentes avancées en physique sont rapportées notamment par Stéphane Drouet dans ses différents partages. Cf eau, lumière, électromagnétisme.

[4] Sat, Cit, Ananda ou Sat, Chit, Anada, il existe plusieurs orthographes et des subtilités d’interprétation. Le bouddhisme et l’indouisme étant dérivés du Vedanta et des Upanishad.

Une brillante illustration par Dustin Hoffman : nous faisons partie du grand tout, extrait du film « I Heart Huckabees ». USA, 1996 https://www.filmatrix.fr/scene1/?reg=71281&pname=scene1

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