Depuis quelques mois, la crise sanitaire a révélé et exacerbé les crises économiques, sociétales, politiques et démocratiques. Ces crises frappent l’humanité avec une violence que seuls les plus éveillés perçoivent… Pour l’instant ?!
En perpétuels mouvement et recherche, je me pose la question. Quelles sont les solutions pour continuer de vivre en liberté, en respectant la nature ? Et dans un partage coopératif créateur, source de joie, santé et bonheur ?
L’écovillage de Pourgues
En début d’année, j’ai pris la décision de savourer l’aventure de l’écovillage de Pourgues par le biais d’une formation sur l’autogestion d’un collectif.
Point de suspense ! Je suis rentré rassuré et régénéré par cette semaine passée au sein d’un collectif où le vivant, la bienveillance, la liberté et l’entreprenariat sont fédérateurs et moteurs ! Le tout dans un cadre verdoyant enchanteur avec une cuisine végétarienne bistronomique ! Enthousiasmant !
L’antidote à la sinistrose et la psychose d’un monde chimique et transhumaniste existe.
Diversité des talents
Les résultats sont visibles voire frappants : des habitants, adultes comme enfants, accueillants, charmants, paisibles et pourtant humains dans leur générosité mais aussi dans leur fragilité, leur vulnérabilité, leurs émotions et sentiments.
Tous semblent avoir trouvé leur place pour s’épanouir sans pression extérieure et laisser libre cours à leurs talents, compétences et envies.
Cette diversité de talents est d’ailleurs l’un des points majeurs de la réussite de ce collectif autogéré. Bien loin d’une gestion pyramidale classique…
A tel point que les mauvaises langues pourraient assurer qu’un écovillage constitué majoritairement d’hommes politiques irait droit dans le mur ! 😉 Les plus sarcastiques ajouteraient même qu’avant d’évoquer la diversité, il faudrait définir la notion de talent chez un politique…😊
Une vision commune
Le premier aspect fédérateur dans un écovillage est celui des valeurs initiées par les fondateurs. Ici, c’est l’école démocratique et par extension le village démocratique. Ce qui veut dire que les enfants sont totalement libres d’organiser leur journée. Tout comme les adultes.
Personne ne peut imposer quoi que ce soit à l’autre. Chacun respecte néanmoins un règlement interne élémentaire, minimum, construit et validé par tous.
Le vivre ensemble en liberté se traduit à Pourgues par cette déclaration :
Vivre la liberté d’être soi, ensemble.
Une liberté créatrice
La concrétisation de cette liberté est une contribution libre et consciente à l’activité de l’écovillage.
Chacun peut donc s’exprimer selon ses envies, ses besoins, ses ressources, ses compétences et ses talents.
La diversité aidant, l’absence de pression hiérarchique garantit la participation de tous, ou presque. Il se peut en effet que pour différentes raisons plus moins passagères – déprime, maladie, etc., le collectif doive assurer la « défection » plus ou moins chronique de telle ou telle personne. Transitoire, passager et dans tous les cas salvateur pour la personne en difficulté. Mais n’est-ce pas le lot de toute société bienveillante que d’assurer la subsistance de certaines personnes fragilisées et temporairement peu participante ?
L’activité de formation est la source importante de revenus de cet écovillage. Mais les autres tâches de construction, de permaculture, de restauration, d’économat, de gestion et d’entretien des bâtiments et espaces verts sont efficacement pourvues en interne. Merci à la diversité d’une population constituée majoritairement de jeunes parents au profil varié.
Une autogestion exemplaire
Toute la difficulté d’un écovillage est d’avancer en œuvrant ensemble dans une même direction. Pour ce faire de nombreux outils[1] sont mis en œuvre avec des formations ad hoc pour faciliter une communication non violente[2] et assumée.
J’ai pu m’exercer à ce type de pratique et ainsi mesurer la maitrise des habitants de Pourgues à ces techniques et outils. Leurs réunions sont fluides même pour gérer des tensions. Celles auxquelles nous avons assistées ont prouvé une qualité d’écoute, de facilitation d’expression, de gestion du temps et de prise de décision sans commue mesure avec ce que j’ai pu observer en entreprise depuis 30 ans. Ou même dans notre société, étiquetée démocratique dès lors que l’on respecte sans réagir les décisions de la structure pyramidale de l’oligarchie.
Le vivant en mouvement
Garantir la réussite d’un écovillage passe par une souplesse et une adaptation permanente au mouvement du vivant. En 5 ans, l’écovillage de Pourgues a su mettre en œuvre progressivement les outils et techniques nécessaires pour progresser sans prendre d’impasse ou de sens interdit définitifs. La souplesse, la vision et les valeurs communes, la bonne volonté, l’intelligence collective et l’aide d’experts extérieurs ont eu raison des nombreux obstacles et difficultés inhérents au vivant, au collectif.
Les fondations sont désormais stables. Tel ce gracieux pratiquant de Tai Chi. Parfaitement enraciné pour un équilibre stable de la partie basse de son corps, il peut alors s’amuser en toute fluidité avec le haut du corps. Ou même avec son autre jambe.
Au cœur du vivant, l’humain
A mille lieux des considérations matérialistes de notre humanité conditionnée et dirigée sans complaisance par une oligarchie financière et industrielle[3], l’humain est au centre de toutes les attentions dans cet écovillage de Pourgues. Et c’est ce qui explique en grande partie sa réussite.
Les leçons d’une telle expérience :
- La bienveillance est au plus profond de chacun de nous ;
- Lorsque les conditions facilitent l’expression libre et consciente de tout un chacun, les talents et compétences exprimés nourrissent l’individu. Et par contagion, coopération et collaboration nourrissent le collectif ;
- La juste liberté de chacun profite au collectif ;
- L’entreprenariat est encouragé. Il est source de création de richesse, de confiance en soi, de partage, de bienveillance, d’altruisme. Et par conséquent de joie et bonheur.
Quand la réunion du meilleur d’un vrai libéralisme et d’un vrai socialisme stimule les vertus de l’individu libre et conscient, donc responsable, l’harmonie des échanges et de la coopération favorise une croissance vertueuse. Car respectueuse du vivant.
L’humain, vivant interconnecté…
Un être humain est une partie d’un tout que nous appelons : Univers. Une partie limitée dans le temps et l’espace. Il s’expérimente lui-même, ses pensées et ses émotions comme quelque chose qui est séparé du reste, une sorte d’illusion d’optique de la conscience. Cette illusion est une sorte de prison pour nous, nous restreignant à nos désirs personnels et à l’affection de quelques personnes près de nous. Notre tâche doit être de nous libérer nous-même de cette prison en étendant notre cercle de compassion pour embrasser toutes créatures vivantes et la nature entière dans sa beauté.
– Albert Einstein, citation provenant d’une lettre écrite en 1950 selon « The New York Times » (29 Mars 1972) et « The New York Post » (28 Novembre 1972).
Gratitude
Dire que j’ai passé une excellente semaine en « zone libre » est un euphémisme. Aussi, je tiens à témoigner de mon immense gratitude à l’ensemble des stagiaires, aux formateurs et aux habitants, petits et grands. Merci de votre contribution authentique à l’écoute, aux échanges, à la chaleur, à la tolérance, au partage, à la bienveillance, à l’amour !
Souvent nous sous estimons l’importance de l’autre – dans son entièreté, avec ses forces et ses potentiels d’évolution – sur notre chemin d’ascension. Tout le monde est utile et source de croissance pour tout le monde.
De la diversité naissent complémentarité, coopération et fécondité. Merci la Vie.
Références & Ressources
[1] Conseil de village, Comité d’Enquêtes et d’Arbitrages, Sollicitation d’Avis, Gestion Par Tension, etc.
[2] CNV – communication non violente, écoute empathique, clearing, cercle restauratif, Forum de Zegg, etc.
[3] Quand l’oligarchie impose ses marionnettes politiques pour mieux siphonner les finances publiques au détriment du citoyen, Cf Juan Branco, Crépuscule, Livre lu par son auteur https://www.youtube.com/watch?v=0IXhr5p_BPE