Des poèmes à problèmes ?
Ceux qui connaissent ma rubrique poème le savent : j’aime jouer avec les mots, pour alerter, éveiller, titiller, réveiller, sans jugement mais toujours dans un objectif : dénoncer les maux pour mieux les mettre en conscience et leur suggérer des solutions.
Non par la négation ou l’évitement à la manière de l’autruche. Mais bien pour choisir une vraie réponse : celle qui consiste à observer l’obstacle pour trouver une meilleure voie. Et le contourner par l’action, la créativité et le partage.
D’où vient la violence ?
Les mots peuvent-ils être plus violents que les maux qu’ils décrivent ?
Cette réflexion m’est venue à plusieurs reprises. Lorsque j’écris de façon spontanée ces poèmes, parfois la nuit lorsque l’inspiration vient. Je ressens effectivement le besoin de m’exprimer sur des sujets qui me touchent et qui peuvent ou pouvaient, pour certains, m’agacer. La médiation quotidienne aide à calmer le mental… 😉
Parfois ce sont des retours ou des absences de retours qui témoignent de cette gêne et de ce ressenti. A l’occasion d’une discussion sur le chanteur Stromae, ma fille me disait cette semaine que mes poèmes sont violents.
De la perception subjective
Est-ce l’évènement qui est important ou ce que j’en fais ? Quelle est ma perception des mots comme des maux ? Lire le mot dictature est-il plus dramatique que de vivre un couvre-feu ou un confinement dont les vraies études scientifiques prouvent l’inutilité au-delà de l’évidence ?
Tout dépend donc de ma perception, elle-même dépendante de mes connaissances, de mon ignorance, de mon intelligence et de ma conscience.
La parole et l’information sont perçues comme une violence […] et on va s’arroger le monopole de la violence légale. Le monopole de la parole légale.
– Dr Louis Fouché
Un révélateur de nos doux leurres ?
Oui le rythme, tout comme certains mots choisis tant pour leur sens que pour la rime confèrent une certaine dynamique incisive, tonique, parfois tranchante. Et il suffit d’un ou deux mots, voire d’un seul paragraphe pour que certains esprits jugent bien ou mal la totalité du poème. La nuance n’existe plus sur les sujets clivants dès lors que la peur et la colère paralysent la réflexion et enflamment les passions au-delà de la raison.
Alors les mots sont-ils neutres ? Ce sont nos perceptions qui leur donnent une colorisation, une aromatisation en fonction de notre passé, de notre culture, de nos souffrances, de notre égo, bref, de qui nous sommes. Leur impact énergétique ne les rend pas neutres. Ils sont même parfois aussi destructeurs que les brimades physiques. Tout est donc question de perception.
Mais qu’en est-il du propos au-delà des mots ? Est-il toujours perçu si l’impact de quelques mots suffit à bloquer le lecteur dans sa perception et compréhension ?
Et la douceur mon cœur ?
La question est donc comment apporter de la douceur tout en abordant les sujets qui fâchent ? Est-ce possible ? Peut-on plaire à tout le monde sans rentrer dans le monde des bisounours ? Sans s’interdire de braver le « prêt-à-penser » du politiquement correct et le formatage idéologique de nos sociétés ?
Malgré la présence bien plus importante de mots véhiculant la bienveillance, l’amour et la compassion, le public qui se sentira agressé par l’évocation même du conditionnement idéologique dont il est un adepte, ne sera plus en mesure de percevoir autre chose que le rejet.
Lorsque nous mettons des mots sur les maux, les dits maux deviennent des mots dits et cessent d’être maudits.
– Guy Corneau, écrivain et analyste jungien, 1951 – 2017
L’Amour inconditionnel ne juge pas
Pourtant, le sage ou l’éveillé vivent l’Amour inconditionnel : tout ce qui est, est accueilli sans jugement de valeur. Toute chose ou évènement manifesté est, au sens cela est, point final. Ils peuvent donc aborder sans aucune restriction tous les sujets, même les plus tabous.
Et c’est par Amour inconditionnel que le sage ou l’éveillé vont se positionner pour dénoncer les dictateurs, violeurs, voleurs, tyrans, pervers narcissiques et leurs complices adeptes du totalitaire pour défendre, sans violence, les justes valeurs solidaires, celles qui placent lucidité, honnêteté, liberté, fraternité ou encore respect de la nature, au dessus de toutes autres considérations.
Une belle plume ?
Malgré de nombreux éloges sur ma « belle plume d’écriture », je ne peux pourtant que me remettre en cause : comment ne pas tenir compte de ceux qui se sentent agressés par mes poèmes ? Alors même qu’ils se soumettent à des restrictions physiologiques et psychologiques bien plus dramatiques.
Aussi, si je demande pardon de mes apparentes maladresses, ou tout du moins vécues comme telles, je réitère mon engagement et ma responsabilité à partager l’éveil à une nature bien trop belle et complexe pour les cerveaux étriqués des industriels.
Je préfère prendre le risque de choquer d’infantiles immatures que d’être le collabo, passif ou non, d’un transhumanisme eugéniste. Néanmoins, c’est en cours, j’œuvre à rayonner de davantage de moelleux… Oui je sais, y a du boulot ! 🙂
Alors restons unis par des valeurs et actions d’Amour, de liberté et de sérénité.
Avec tout mon respect, ma gratitude et mon Amour, qui que vous soyez.