Pyramide du pouvoir et organisme vivant

Organisme vivant & hiérarchie de pouvoir, compatibles ?

Mouvement, fluidité, liberté, autonomie

Le mouvement c’est la vie ! Tout organisme vivant est soumis à une évolution permanente dont la raison d’être est celle d’un équilibre harmonieux et coopératif de croissance. Cela, dans un environnement ou tout est interdépendant.

Fluidité, souplesse, adaptation perpétuelle, liberté et autonomie ne sont-elles pas des qualités propres au mouvement du vivant ?

Pourtant, ce mouvement peut faire peur si ses mécanismes et ses symptômes visibles sont méconnus.

Cependant, la peur est aussi une puissante source d’éveil.

L’humanité, ses organisations et son évolution

Nous vivons actuellement une période de grande (r)évolution comme l’humanité en a déjà connue.

Dans son ouvrage et ses conférences[1], Frédéric Laloux, expert en organisation d’entreprise rappelle ces différentes phases de croissance de l’humanité. Des changements d’organisation avec de nouveaux processus ont permis d’accéder à des niveaux de structure toujours plus complexes. Ces révolutions bénéfiques se distinguent en quatre grandes périodes :

  1. Magique et tribu : le monde tribal invente la division des tâches.
  2. Traditionnel et monde agricole : l’organisation pyramidale, les rangs, les uniformes, les processus réplicables permettent, entre autres, la construction des grands édifices comme les pyramides, la grande muraille de Chine ou les cathédrales.
  3. Scientifique et industrielle : la rationalisation et l’innovation permanente stimulent la compétitivité pour gagner des parts de marché. Stratégie d’entreprise, budget, objectif, planification, recherche et développement deviennent les maitres mots.
  4. Connaissance : depuis 20 à 30 ans, l’économie de la connaissance suggère de ne plus traiter l’humain comme une machine. Les ressources humaines, la culture d’entreprise, les valeurs deviennent de nouveaux leviers d’action pour la performance.

Frédéric Laloux illustre le passage de l’une à l’autre de ces ères avec cette anecdote d’Aristote. En 350 av JC, ce dernier affirmait doctement : « les femmes ont moins de dents que les hommes« . Lol !

Il a pourtant fallu 2 000 ans et la renaissance pour que quelqu’un ait l’idée de vérifier simplement en comptant… Une démarche scientifique apparemment évidente de nos jours car nos connaissances et mentalités ont progressé !

Et si nous étions nous-mêmes, actuellement, inconscients et ignorants de certains mécanismes ? Avons-nous la capacité de tout analyser correctement ?  ! Ne sommes-nous encore trop peu nombreux, par exemple, à remettre en cause les croyances du 19ème siècle sur les maladies infectieuses eu égard aux progrès des sciences ?

Structure simple vs structure complexe

Frédéric Laloux a examiné une quarantaine d’entreprises de par le monde qui présentaient des performances majeures et des organisations non pyramidales. Il a en étudié douze plus précisément. Parmi elles, différents secteurs sont représentés : agro-alimentaire, aide aux personnes, distribution, école, e-commerce, équipementier automobile, hôpital psychiatrique, médias, service IT, production d’électricité, soins de santé et valves hydrauliques.

Certaines de ces entreprises sont même importantes : de 10 000 à 40 000 employés de par le monde.

Elles constituent, comme toute entreprise ou organisation fédérant des humains, un organisme vivant qui possède une structure complexe.

Ainsi le corps humain possède trois cerveaux connus à ce jour [2]. Cerveau, intestins et cœur sont en partie autonomes et échangent de nombreuses informations. La structure du corps-esprit est éminemment complexe :

  • de 50 000 à 100 000 milliards de cellules
  • de 500 000 à 1 million de milliards de microbes (bactéries, virus, levures, protozoaires)
  • 85 milliards de cellules dans le cerveau
  • 6 000 milliards d’interactions à la seconde
  • 110 billions (= 110 000 milliards) de bactéries dans l’intestin, soit beaucoup plus que de cellules !
  • 11 systèmes différents (respiratoire, circulatoire sanguin, nerveux, digestif, endocrinien, immunitaire, excréteur, reproducteur, musculaire, squelettique, tégumentaire)

Bref, la complexité d’une telle alchimie permanente et la coopération-coordination ne peuvent être l’objet d’une seule décision centrale qui prendrait le temps d’analyse et réflexion pour envoyer ses ordres que des relais intermédiaires feraient appliquer…

Les faits et le succès de ces organisations innovantes d’entreprises amènent une conclusion simple.

Plus la structure est complexe, plus elle doit s’appuyer sur la compétence, la délégation et l’autonomie de ses parties ou organes constituants.

L’organisation pyramidale ne peut fonctionner que sur des structures simples, avec peu de strates et peu d’intervenants.

S’organiser sans hiérarchie de pouvoir…

C’est le grand bouleversement de cette nouvelle ère : il n’y a plus de hiérarchie mais une organisation qui facilite l’émergence du « être soi, ensemble« .

Et cette organisation doit faciliter la liberté de tout un chacun d’être vivant, autonome, mature, entreprenant, responsable, respectueux, coopératif, contributif et ainsi lui permettre d’exprimer ses talents, compétences et envies.

Mais avec une hiérarchie de leadership

Dans ces nouvelles organisations, la hiérarchie de leadership se substitue avantageusement à la hiérarchie de pouvoir, souvent injuste car acquise par copinage, corruption ou diplôme qui ne représentent en rien la capacité réelle de l’individu dans ses multiples facettes[3].

La hiérarchie de leadership est plus naturelle et représente davantage les expertises de chacun. Dans un domaine, les ressources et les pouvoirs de décisions vont vers les gens qui sont compétents.

Une des grandes forces de ces nouvelles organisations est l’absence de logique égalitaire. Au contraire, la force de chacun est utile. La diversité devient une vraie richesse et favorise l’émergence du leadership et de la coopération.

Dans la forêt l’idée n’est pas de ramener la taille du champignon à celle de l’arbre mais bien que l’arbre soit le plus grand possible et que le champignon soit le plus grand possible.
– Frédéric Laloux

Les trois critères de réussite

Toutes ces entreprises révolutionnaires dans leur succès présentent les trois mêmes caractéristiques et valeurs :

  1. « Self-organisation » ou auto-gouvernance
  2. Plénitude de l’individu
  3. Raison d’être évolutive

De nombreux outils sont mis en œuvre pour créer une structure qui favorise la diversité, la coopération des talents et la prise de décision.

L’auto-gouvernance, la décision pour tous

C’est la grande révolution : il n’y a plus de boss ! Plus de chef ! Mais attention, cela ne signifie pas qu’il n’y a plus de décision, bien au contraire.

Et la grande révolution se situe dans un processus de décision qui ne fait plus appel aux deux méthodes classiques et dépassées :

  • La décision arbitraire du chef ;
  • Le consensus, délicat à obtenir et qui impose souvent des résignations ou sacrifices.

Le troisième voie, celle de la performance, consiste à déléguer l’autonomie de la décision à la ou les personnes concernées. Le processus impose une responsabilisation sans précédent par le biais d’une sollicitation d’avis. Chacun peut et doit assumer la décision qu’il va prendre à condition d’avoir consulté un minimum de personnes reconnues compétentes et/ou impactées.

La sollicitation d’avis se fait de manière informelle, évite la réunionite aigue mais s’affiche en toute transparence.

C’est ainsi en toute connaissance de causes que le décideur devra assumer les conséquences de sa décision.

Les conflits qui peuvent ensuite surgir, sont résolus par un comité d’arbitrage ou un conseil d’entreprise ou de village.

La plénitude de l’individu

Frédéric Laloux insiste sur le côté « rôle » et « masque » que dois jouer l’individu dans une entreprise.

Ainsi, nombreux sont ceux qui croient encore que l’autorité doit s’imposer par une démonstration de force et ses clichés associés – voix forte, carrure, distance sociale

La personne n’est donc pas libre de s’exprimer dans sa plénitude émotionnelle car le « rationnel » prend l’ascendant. L’ignorance, les croyances, les habitudes, les cadres et contraintes des structures pyramidales-hiérarchiques formatent et brident l’expression naturelle de l’individu.

Il en résulte stress, peur, désintérêt, démotivation, distanciation et dysfonctionnement. Un terreau peu fertile pour la créativité et le partage, pourtant source de joie et de croissance.

Une raison d’être évolutive

L’exemple frappant de cette révolution est celui de l’entreprise hollandaise Buurtzog[4]. Son fondateur, Jos de Blok est infirmier de métier. Il a fondé l’entreprise avec une dizaine de collègues.

Sa raison d’être : « Rendre les personnes âgées plus autonomes pour une meilleure vie« . Les soins infirmiers ne sont plus valorisés sur la base de calculs comptables mais sur la qualité de la présence de l’infirmier auprès du sénior. Le succès est considérable. Non seulement Buurtzog fait faire des économies à la sécurité sociale, mais le succès de l’entreprise – 75% du marché, permet à son fondateur de partager gratuitement ses recettes à ses concurrents !

Vivant et hiérarchie de pouvoir, une incompatibilité démontrée

Dans cette période de grande transition pour l’humanité, inconfortable et incontournable, une double démonstration est en cours :

  • Par les faits observables du succès.
    Croissance, bienveillance, partage, liberté, responsabilité, sérénité et autonomie sont les ingrédients et les saveurs de ces entreprises ou de cet écovillage[5] qui suppriment la hiérarchie de pouvoir et révolutionnent, entre autres, la prise de décision par la responsabilisation.
  • Par les méfaits vécus du chaos.
    Restriction, interdiction, contrôle technocratique centralisé, « digital big brother », censure, désinformation[6], peur, apologie de l’incompétence, incohérence des attitudes et postures, chaos économique et social, primauté de l’industriel et de la technologie au détriment de l’écologie et du naturel, structure politique antidémocratiques…
    Les moyens, méthodes et résultats des républiques pilotées par un pouvoir centralisé de quelques financiers[7] illustrent que la confiscation du processus de décision – en un mot, la dictature – n’est pas compatible avec le vivant.

Le transhumanisme et la médecine chimique allopathique sont deux autres exemples qui témoignent parfaitement de cette incompatibilité de pouvoir centralisé avec le vivant.

En médecine, aucune injection d’une molécule chimique non naturelle ne peut assurer le fonctionnement optimum, coordonné et ciblé, d’un organisme vivant aussi complexe que le corps-esprit[8].

De même et par extension, aucune structure centralisée ne peut assurer le fonctionnement optimum d’une communauté plus ou moins grande d’individus. A fortiori d’une nation et donc d’un groupe de nations.

Tout le mode le sait, ou presque. Alors me diras-tu, pourquoi un tel paradoxe ?

Souveraineté, autonomie, raison d’être

La complexité d’un organisme vivant ne permet pas une gestion ou un management optimum par un pouvoir centralisé.
Alors pourquoi les promoteurs du nouvel ordre mondial utilisent-ils cette complexité du monde globalisé comme argument pour en justifier la prise de contrôle ? Par une élite bien pensante dont ils seraient les seuls élus ?

La réponse se trouve dans la raison d’être de ces dirigeants. Quelle est-elle ? Est-elle comptable avec celle du simple citoyen ? Avec la mienne ? Avec la tienne ?

Qu’en est-il de ma souveraineté et de mon autonomie à identifier, définir et satisfaire mes besoins fondamentaux ?

Et si on commençait par le début ? Quelle est notre raison d’être ? Notre mission vie ?

Ressources & référnces

[1] Cf Frédéric Laloux, …Reinventing Organization, conférence, https://youtu.be/NZKqPoQiaDE

[2] Cerveau, cœur et intestins possèdent leurs propres neurones. Certains émettent l’hypothèse d’un 4ème cerveau au niveau de l’appareil reproducteur…

[3] Relationnelle, émotionnelle, psychologique, spirituelle, etc.

[4] Buurtzog peut se traduire par soins de quartier. Cette entreprise est prestataire de soins à domicile, notamment pour les personnes âgées. https://www.soignonshumain.com/buurtzorg/

[5] Voir le récit de mon expérimentation de ces nouvelles méthodes de prise de décision et de gestion démocratique au sein d’un écovillage

[6] L’ingénierie sociale est le seule recours pour imposer la hiérarchie de pouvoir à une structure complexe et vivante. La hiérarchie de pouvoir dans un organisme complexe et vivant est contre-nature. Cf une explication illustration simple https://youtu.be/By60gDQ29GE

[7] Quelques grandes familles historiques de banquiers dirigent toutes les institutions mondiales – CFR, ONU, OMS, OMC, CDC, etc. – et politiques.
Cf Sylvain Laforest, in Guerre et Mensonges, éditions Poche
Interview de Sylvain Laforest
https://emakrusi.com/videos/gem-ch01e01-lempire-britannique-et-les-rothschild-1773-1944/
https://emakrusi.com/videos/gem-bonus-les-coulisses/

[8] Le Dr Bruce Lipton, illustre le sujet avec les effets secondaires des médicaments.  Ainsi, le même signal histaminique peut avoir deux effets diamétralement opposés selon sa provenance dans le corps, in « Biologie des croyances », Editions Ariane, page 111