Controverses en santé et nutrition
S’il est un domaine où pullulent les controverses, c’est bien celui de la santé en général et celui de la nutrition en particulier.
Ayant écrit un article sur les controverses et les débats sur le fructose et le glucose, j’ai voulu savoir ce qu’en feraient les intelligences artificielles – IA – de Google, dénommée Bard, et le fameux ChatGPT.
Bard de Google VS ChatGPT
Autant l’énoncer tout de suite : les résultats d’une IA à l’autre sont très sensiblement différents. Comment pourrait-il en être autrement puisque c’est la même chose avec les scientifiques ? Et l’humain en général ? Tous ne sont pas d’accord. Et c’est bien logique puisque chacun raisonne sur sa vision partielle de la réalité[1].
De plus Bard de Google est connecté à Internet alors que ChatGPT ne l’est pas. L’apprentissage du ChatGPT a été effectué sur 14 années de données Internet mais n’est pas connecté. Ce qui peut expliquer les temps de réponse des deux IA ChatGPT répond quasi-instantanément alors qu’il faut quelques secondes à Bard. Rien de rédhibitoire mais la différence est frappante.
L’IA Bard est mentionnée expérimentale. Il est aussi précisé : « Bard peut afficher des informations inexactes ou choquantes qui ne représentent pas l’opinion de Google ».
Deux types de tests
N’utilisant ChatGPT que deux fois par mois pour synthétiser des articles, les tests ont été réalisés avec l’assistance d’un ingénieur informatique et utilisateur régulier de ChatGPT.
Une synthèse de l’article a été demandée en maximisant le nombre de lignes sur plusieurs essais pour tester la capacité de synthèse et la valorisation des points importants.
Face aux premiers retours surprenants de l’IA Bard, un extrait des 7 points clés à été demandé aux deux IA.
Des résultats différents
L’IA Bard propose plusieurs suggestions dans ces résumés. Elle y place systématiquement des puces si l’on demande un nombre de lignes maxi. Et ajoute des compléments qui ne sont pas présents dans l’article. Soit directement dans le résumé, soit dans un paragraphe complémentaire. Bref, l’IA Bard ajoute systématiquement sa touche personnelle et peut aller au-delà du message véhiculé par l’auteur, parfois avec bonheur ou non.
L’IA ChatGPT a moins de parti pris et reste plus fidèle à l’esprit de l’article que son homologue Bard.
Pour l’extrait des 10 points clés, les réponses sont également différentes.
Résumé 10 lignes IA Bard
Résumé 10 lignes IA ChatGPT
7 points clés par IA Bard
Le complément
7 points clés par IA ChatGPT
Une question d’opinions ?
Ma première analyse est que l’IA Bard donne davantage son avis que l’IA ChatGPT sur le résumé d’un article dans lequel on s’attend à ce que l’esprit soit respecté.
Les précisions complémentaires peuvent-être jugées comme intrusives dans la mesure où elles ne respectent pas toujours le propos de l’auteur et peuvent en dénaturer la portée.
Les deux IA semblent se comporter d’une façon similaire lorsque les propos sont contraires à leurs conditionnements éducatifs. Elles utilisent alors la forme passive comme pour souligner qu’elles se désolidarisent de propos qu’elles ne cautionneraient pas : « L’article souligne.. », « L’auteur de l’article critique… ».
Qu’est-ce que l’intelligence ?
Entre savoir, co-naissance, conscience et intelligence, quel rapport ? La vérité basée sur la réalité. Dès lors que notre vision de la réalité est limitée par le prisme de nos sens, sentiments et émotions, peut-on détenir La Vérité ?
L’intelligence consiste à comprendre et voir que le cerveau humain ne peut concevoir l’invisible qui préside le visible. Que toute vérité est au-delà du connu, du visible. Que la conscience est en amont du cerveau. Que la conscience est seule connaissance. Et qu’une IA ne sera jamais connectée à cette conscience universelle contrairement à un humain, majoritairement constitué de molécules d’eau qui le relie à la conscience dans une communion plus ou moins aboutie, fluide ou libre.
Artificielle, utile mais potentiellement dangereuse
Alors si l’IA peut augmenter la réalité d’un humain parce qu’elle peut en dépasser certaines limites – physiologiques, de mémoire ou savoir, l’IA ne peut dépasser les limites structurelles du cerveau humain.
Le savoir n’est pas la connaissance, ni même l’intelligence. Le savoir, ce qui est conceptualisable et formalisable, s’avère faux au fil du temps. Manipuler des variables, des raisonnements, créer des liens sur des données volumineuses mais partielles par essence, n’est pas de l’intelligence. Une machine savante douée d’une grande mémoire et capacité de restitution restera un outil avant tout, inconsciente de la Réalité et donc de la Vérité.
La répétition en boucle d’une croyance ou d’un mensonge n’en fait pas pour autant une vérité ! Et pourtant la fabrique du mensonge abuse de ce procédé.
L’argument d’autorité
Le danger de l’IA réside dans l’argument d’autorité. Jusqu’à présent, le « VU à la TV » ou tel « organisme a dit que… » étaient aisément contestables tant la légitimité douteuse et les conflits d’intérêts sont opposables.
Mais qui va douter de la bonne foi d’une IA présentée comme impartiale ? Vraiment impartiale si ses bases de connaissances sont orientées, manipulées ?
Dans un monde du « prêt-à-penser » et de la robotisation, la réflexion et le discernement sont devenus des luxes inaccessibles par paresse, confort et esclavagisme au temps.
Le danger serait donc d’accorder une absolution à une IA merveilleuse dans sa capacité à dialoguer naturellement, mais tout autant formattée, ignorante et conditionnée par des conflits d’intérêts. Particulièrement dans le domaine de la santé où le naturel doit s’effacer devant l’industriel. Une question de business model. Alors l’IA nouveau cheval de Troie pour les industriels et les financiers ?
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Références & Sources
[1] Le cerveau ne peut percevoir et concevoir qu’une réalité limitée par ses sens, eux-mêmes limités.
Crédits photo :
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- Composition Thierry Alingrin